LE LASOTE

Photo Hélène Clément. Les maîtres-tambours donnent la cadence pour le lasotè : un rythme pour labourer la terre de bas en haut, un autre pour le billonnage. Tout en haut : les agriculteurs de Fonds-Saint-Denis, en Martinique.
Photo Hélène Clément.

La tradition a du bon. Les maîtres-tambours donnent la cadence pour le lasotè : un rythme pour labourer la terre de bas en haut, un autre pour le billonnage. Les agriculteurs de Fonds-Saint-Denis, une petite commune située au nord de la Martinique, le savent. Depuis une dizaine d’années, ces hommes du terroir pratiquent à nouveau l’art du lasotè comme il se faisait il y a 150 ans dans les hauteurs des mornes.

C’était pour se donner du courage au moment de labourer leurs champs que les paysans avaient recours à des coups de main, ou lasotè en créole. Ainsi, au lieu de travailler des jours durant un seul hectare de terre, ces hommes réalisaient la tâche en quelques heures seulement.

« Nos objectifs ? Encourager les agriculteurs à reprendre la houe et sensibiliser les Martiniquais à cette pratique créée par les « nouveaux libres » après l’abolition de l’esclavage », explique Étienne Jean-Baptiste, membre de l’association l’Esprit lasotè de Fonds-Saint-Denis.

Imaginons une vingtaine de paysans à une extrémité d’un champ, les uns à côté des autres, houe à la main.

À l’autre extrémité, les maîtres-tambours qui donnent la cadence : un rythme pour labourer la terre de bas en haut, un autre pour le billonnage.

Trois crieurs lancent les couplets, trois joueurs de ti bwa (baguettes) s’exécutent sur une canne de bambou, d’autres soufflent dans des conques de lambis. Et ensemble, les agriculteurs labourent à tour de bras la terre au rythme des mots « Lèvè ! Fèssè ».

Né au XIXe siècle — et tombé dans l’oubli en 1960, lors de l’exode rural —, le lasotè a refait surface à la fin des années 1990, au moment de la crise du chlordécone, un pesticide organochloré nuisible à la santé mais utilisé jusqu’en 1993 dans les plantations de bananes. « Puis, la grève de 2009 a bousculé les choses, précise Étienne Jean-Baptiste. Avec les supermarchés vides, les gens ont réalisé qu’ils étaient trop dépendants de l’importation et qu’il fallait manger local. »

Cette pratique ancestrale qui met l’accent sur la solidarité a lieu une fois par mois, le samedi. Un lasotè est toujours accompagné d’un petit marché paysan.

Information: lamartinique.ca.

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