Né le 6 septembre 1935 en Guadeloupe, le talentueux guitariste André Condouant s’est éteint dans la nuit du Mercredi 8 octobre 2014.
Qu’il repose en paix, au paradis des musiciens…
Biographie :
Discographie :
Né le 6 septembre 1935 en Guadeloupe, le talentueux guitariste André Condouant s’est éteint dans la nuit du Mercredi 8 octobre 2014.
Qu’il repose en paix, au paradis des musiciens…
Biographie :
Discographie :
Présentation :
L’auteur :
Thierry Ichelmann est consultant en Ingéniérie éducative.
Professeur agrégé de Mathématiques et formateur d’enseignants, cet ancien responsable de l’Association Générale des Étudiants Martiniquais, dans les années 80 à Paris, s’est toujours engagé pour plus de justice sociale, pour une société plus solidaire.
Auteur, concepteur d’ouvrages et de revues pédagogiques, Thierry Ichelmann est également un observateur particulièrement attentif de la situation de son pays.
Ses livres :
Ce livre s’adresse à tous ceux qui souhaitent comprendre la société dans laquelle ils vivent, afin de pouvoir mieux y agir. Il s’adresse également à tous ceux qui observent la société martiniquaise actuelle, qui s’interrogent, et désirent avoir un éclairage spécifique sur les événements que nous vivons depuis déjà de longs mois. Il s’adresse enfin à tous ceux qui souhaitent poursuivre leur réflexion, et pouvoir, en leur âme et conscience, prendre leur décision, quant au double choix qui leur est proposé, les 10 et 24 janvier 2010.
Essai
– Parution: 2009
– 68 pages
– Format: 140×190 mm
– ISBN : 9782918141105
– Prix : 12 euros
Dans ce livre , Thierry Ichelmann souligne que des particularités des anciennes colonies d’Amérique, enrichies par la traite négrière dite également Atlantique, rappellent la devise de William Lynch «Diviser pour mieux régner» et s’appliquent toujours à la Martinique. Il dénonce une rivalité féroce entre deux clans, c’est-à-dire les descendants des esclaves et ceux descendants des esclavagistes. Cette rivalité nuit à la formation d’un peuple martiniquais uni. Il la définit comme un affrontement entre affirmation identitaire et volonté de développement. Ce clivage produit d’un passé de souffrance, d’humiliation pour les uns et de domination comme d’enrichissement pour les autres, empêche tout projet de société visant un développement de l’île capable de donner naissance à une identité apaisée à la Martinique. Il observe, sans que soit réglé cet antagonisme, que la Martinique est passée d’une société coloniale à une société brutalement organisée sur le modèle occidental. On peut dire qu’elle a été violentée et elle se caractérise par une fragilité jusqu’ici incurable, tant elle subit les blessures du passé et du présent, lequel trouve sa raison dans l’absence d’une phase intermédiaire pour réussir son entrée dans la mondialisation, un autre passage aussi agressif. La Martinique d’un point de vue relation humaine doit faire que l’engagement politique ne peut plus reposer sur «une opposition quête d’identité et volonté de développement». Ressort alors la notion d’ «entité nationale» pour faire corps avec la réalisation d’un «Modèle Propre de développement, dans le cadre de la République (M.P.D.R)» d’après les propos de Thierry Ichelmann.
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Poèmes
Trahison
Ce cœur obsédant, qui ne correspond
Pas avec mon langage et mes coutumes,
Et sur lequel mordent, comme un crampon,
Des sentiments d’emprunt et des coutumes
D’Europe, sentez-vous cette souffrance
Et ce désespoir à nul autre égal
D’apprivoiser, avec des mots de France,
Ce cœur qui m’est venu du Sénégal ?
Jazz
Le trombone vient d’Honolulu,
De la Barbade, le saxophone,
Et le grand mulâtre au nez poilu
Qui grimace une chanson bouffonne,
Un soir, s’est enfui de Port-de-Paix.
« Mais avec qui des trois, se demande,
(Tous les trois ont de crépus toupets !)
Se demande la putain flamande,
Avec qui passerai-je ma nuit,
pour n’avoir pas une nuit d’ennui » ?
Silhouette
La dame qui vient de Rotterdam,
En route pour sa saison à Cannes,
Songe, en arpentant le macadam,
Aux Antilles, à ses champs de cannes,
À sa cousine créole Ruth
Qui parle encor de ce pique-nique
Où ses chairs éprouvèrent le rut
d’un mulâtre de la Martinique.
Sacrifice
Sous le ciel, le tambour conique se lamente
Et c’est l’âme même du noir :
Spasmes lourds d’homme en rut, gluants sanglots d’amante,
Outrageant le calme du Soir.
Des Quinquets sont fixés aux coins de la tonnelle,
Comme des astres avilis.
L’ombre sue un parfum de citronnelle
Séchée à l’acajou des lits.
Et moment, par moments, du houmfort tutélaire,
Parmi des guirlandes d’encens
Les bêlements du bouc qui, dans la brise, flaire
L’odeur prochaine de son sang
Musique nègre, publié pour la première fois à compte d’auteur en 1931
Souvenir de l’Afrique
Afrique/ j’ai gardé ta mémoire Afrique /
/ Tu es en moi
Comme l’écharde dans la blessure
Comme un fétiche tutélaire au centre du village/
/Fais de moi la pierre de ta fronde
De ma bouche les lèvres de ta plaie
De mes genoux les colonnes brisées de ton abaissement…/
Bois d’ébène, Editeurs français réunis, Paris, 1945
et Port au Prince, imprimerie H.Deschamps, 1945
La poésie comme arme
Texte paru dans les Cahiers d’Haïti, 9 novembre 1944.
Une enquête sur le destin de la poésie est assez nécessaire. La poésie fait partie de ce système idéologique dont les multiples reflets, qu’il s’agisse de psychologie, d’art, de morale, de philosophie ou de toute autre manifestation de l’esprit, présentent une réalité historique concrète.
La poésie n’est pas une spéculation idéaliste, un enchantement magique vu qu’elle reflète ce qu’en langage commun on appelle une époque, c’est-à-dire la complexité dialectique des relations sociales, les contradictions et les antagonismes de la structure politico-économique d’une société, à un moment déterminé de l’histoire. Une telle condition en fait un témoignage et un élément d’analyse de cette société.
Un titre ambitieux pour cet essai eût été celui-ci : « De Mallarmé à Mayakovsky. » Le cas du grand poète français et du génial poète révolutionnaire russe illustre, selon moi, ce que j’essaie de démontrer, et lui donne un singulier relief.
Mallarmé apparaît à une époque où la fortune progressiste du capitalisme a déjà atteint son point mort. La société bourgeoise entre dans sa phase déclinante et à la destruction des forces productives elle ajoute la négation des valeurs culturelles.
« Je m’enfuis et cherche mon refuge aux carrefours où l’on tourne le dos à la vie… »
chante Mallarmé. Et lui facilite la fuite, la construction solitaire d’une poétique étrange, l’exquise alchimie du langage et une sorte de fanatisme de sons purs.
Mais cette réinvention du langage n’est pas une pure recherche esthétique: on y trouve aussi une tentative délibérée de nier le commun en se refusant à le comprendre.
Le langage n’est pas étranger à la lutte des classes. Par exemple, le développement des forces sociales peut être facilement suivi depuis le XVIIe siècle jusqu’à la Révolution française à travers l’étude, dans la poétique, des périphrases stéréotypées qui avaient pour but de fuir le vulgaire, le plébéien, le populaire et par l’exclusion ou l’inclusion de certains mots qui montraient clairement le mouvement des classes dirigeantes. Observée sous cet angle, la poésie de Mallarmé est l’une de plus réactionnaires qui se connaisse.
Paul Valéry a exposé avec netteté l’attitude du poète qui s’isole du peuple et y trouve le motif d’un orgueil démesuré : « Il ne déplait pas à la minorité, dit-il, d’être la minorité. » Et l’une de ses trouvailles les plus heureuses se manifeste dans ces réflexions sur Mallarmé, le moins primitif des poètes, qui, « par l’accouplement insolite, étrangement sonore et comme stupéfiant des mots, par la splendeur musicale des vers et leur singulière plénitude donne l’impression de ce qu’il y a de plus puissant dans la poésie originale : la formule magique. »
Si toutes les ressources de l’intelligence, l’alliance de la syntaxe avec la pensée la plus raffinée et la recherche désespérée de la pure expression poétique doivent conduire à la « synthèse de l’enchantement » primitif, c’est avouer une défaite.
Autour d’un tel étendard s’entrelacent le phénomène exposé, l’intuitionnisme et l’impulsion vitale d’un Bergson : l’expression négative de la raison par la société bourgeoise en composition. C’est comme si l’exploration des formes les plus élaborées de l’art musical nous transportait par une sorte de paléontologie à rebours, d’une fugue de Bach au thème archaïque du tambour primitif.
Il y a cependant un point qui distingue essentiellement la position de Mallarmé de celle des poètes et écrivains qui sont aujourd’hui les architectes de la pensée irréelle: Mallarmé en son temps, était exclu et ridiculisé par ce que l’on peut appeler la bonne société littéraire, c’est-à-dire l’académie, la critique bourgeoise, les piliers intellectuels du capitalisme, tandis que, aujourd’hui, ceux-ci accueillent les bras ouverts, les protagonistes de l’irrationnel et les derviches du spiritualisme.
C’est que, dans l’interrègne, le monde est arrivé à une croisée des chemins historiques. Les forces du capitalisme et du socialisme s’affrontent dans une lutte décisive.
A la veille d’une transformation historique fondamentale, la vieille société qui s’effondre trouve dans les constructions idéalistes la soumission aux idoles métaphysiques, le retour aux forces obscures de la mystique, les armes idéologiques de la contre-révolution.
Il faut examiner avec l’attention scientifique de l’entomologiste, les individus qui inventent des prétextes moraux pour entrer, par la porte de la cuisine, dans le camp des ennemis du peuple. C’est alors qu’on découvre le lamentable insecte petit bourgeois paralysé par l’angoisse abjecte, qui se réfugie dans la chrysalide de la poésie pure ou de la liberté de l’esprit, parce que le mouvement inexorable de l’histoire menace les intérêts de classe de ses patrons qui ont porté la production mentale au niveau d’un article de magasin.
Il faut en finir, avant tout, avec le mythe de la liberté du poète. Loin d’être, comme le prétend Valéry, un homme très ancien, le poète est surtout un contemporain, la conscience réfléchie de son époque.
Si sa pensée n’est pas action, le poète n’est pas libre. Il ne l’est pas s’il ne s’astreint à la nécessité impérieuse de choisir. De choisir entre Garcia Lorca et Franco, entre Hitler et Thaelman, entre la Paix et la Guerre, entre la Démocratie Socialiste et le Fascisme. Sa prétendue liberté s’achève dans ce qu’on pourrait appeler le complexe de Ponce Pilate, qui couvre tous les artifices de la lâcheté, du renégat. Le poète est à la fois témoin et acteur du drame historique. Il y est enrôlé avec sa pleine responsabilité. Et particulièrement dans notre temps, son art doit être une arme de première ligne au service de son peuple.
Je sais que beaucoup s’indigneront de ce qu’une telle mission soit assignée au poète. Parce que, pour eux, le poète appartient aux sphères transcendantes de l’instinct et, tandis que se joue le destin des hommes dans une formidable convulsion historique, il peut, retiré dans la propriété privée de sa solitude spirituelle, continuer à donner à la poésie le sens d’une chansonnette qui se balance entre les pôles traditionnels de l’érotisme et du rêve.
La nécessité humaine est la loi morale de l’esprit. L’une des choses qui me paraissent les plus admirables dans l’œuvre de Lénine, c’est que l’auteur du Matérialisme et du Criticisme empirique, cet esprit encyclopédique, ce géant de la pensée, écrivit un pamphlet réclamant de l’eau bouillie pour le thé des ouvriers des tissages de Schulusselburg. Et Mayakovsky obéissait à la vraie mission révolutionnaire du poète lorsqu’il mettait son art au service de la lutte contre le typhus.
L’art du poète d’aujourd’hui doit être une arme semblable à un tract, un pamphlet ou un placard. Si au contenu de classe du poème nous pouvons allier la beauté de la forme, si nous savons apprendre les leçons de Mayakovsky, nous pourrons créer une grande poésie humaine et révolutionnaire digne des valeurs de l’esprit que nous avons la volonté de défendre.
Jacques Roumain
Bulletin de santé
Le soleil prend en main la sève de mes années à mesure que l’exil se retire de mes terres.
Une saison de rêve irrigue les choses tendres de la vie.
O poète de l’amour solaire ! ô magicien d’une
Venise sans masques ni carnaval !
à ce carrefour de mon automne
je sais à quel feu de miséricorde
jeter le bois mort de mes ennemis :
le manche de leur hache de guerre ne peut
séduire aucun arbre musicien de ma forêt.
Dans les mots frais du soir je trouve le lien
qui unit le mythe aux nervures de la feuille,
qui relie aussi le galet des rivières
au tourbillon de la vie dans mes poèmes.
Voici l’âge mûr du pin d’Alep
et du mimosa japonais : voici le temps
de jeter un pont entre le passé cubain
et la neuve rumeur du vent dans mon esprit.
Le temps d’éparpiller à la mer caraïbe
les cendres des fausses croyances du siècle.
Le jeune matin du rossignol
inonde mes rives à la française.
L’essor marin du nouvel être
dilate le mystère du poète
qui devient l’animal de tendresse qu’il est.
http://www.poemes.co/bulletin-de-sante.html#sthash.ifnVLcnH.dpuf
Né en 1901 sur l’île de Trinidad, Cyril Lionel Robert James est une figure majeure de l’histoire intellectuelle et politique du XXe siècle. Au-delà de son livre Les Jacobins noirs, il est l’auteur d’une œuvre foisonnante qui nourrit les pensées critiques contemporaines, tout particulièrement les cultural et postcolonial studies.